Il y a des films qui ne cherchent pas à séduire, mais à faire résonner. Marcel et Monsieur Pagnol, réalisé par Sylvain Chomet, fait partie de ceux-là. Ce n’est pas une biographie figée, ni une reconstitution patrimoniale. C’est une conversation intérieure, une évocation sensible de ce lien mystérieux entre l’enfant que nous avons été et l’adulte que nous sommes devenus.
Le récit s’ouvre sur Marcel Pagnol, invité à écrire un feuilleton. À mesure qu’il rédige, le petit Marcel surgit, l’interpelle, le questionne. Ce dialogue entre les âges devient le fil du film : une manière de dire que l’enfance ne disparaît jamais tout à fait, qu’elle reste là, en nous, comme une voix discrète mais tenace.
L’animation de Sylvain Chomet est reconnaissable : silhouettes exagérées, décors aux couleurs chaudes, rythme contemplatif. Mais ici, il y a une douceur nouvelle. Le film ne cherche pas à tout raconter, il suggère. Il évoque les collines de Provence, les débuts au théâtre, les amitiés artistiques, les hésitations. Il intègre même un extrait d’un film inachevé que Pagnol avait tenté de détruire — comme pour rappeler que la mémoire est faite de fragments, de repentirs, de choses qu’on croyait perdues.
La voix de Laurent Lafitte, travaillée avec finesse, donne corps à Marcel adulte. Et la chanson de SCH, inattendue mais juste, relie deux figures marseillaises que tout oppose en apparence, mais que rassemble une même sensibilité narrative.
Ce film ne
cherche pas à faire œuvre patrimoniale. Il respire. Il interroge. Il laisse
place à l’émotion sans jamais l’imposer. Il nous invite à suspendre nos
certitudes, à explorer les marges du connu, et à accueillir l’idée que le
vieillissement — comme la mémoire — peut être modulé, compris, réinventé.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire